Un autre film d u même réalisateur passera le mercredi, 11 octobre 2006 à 22:55 sur Arte :
Solaris
Le cosmonaute Kris Kelvin se rend sur la planète-océan Solaris pour enquêter sur les événements étranges qui s'y sont produits. Lorsqu'il débarque dans la station spatiale qui sert de poste d'observation aux scientifiques, il découvre que l'un d'entre eux s'est suicidé, tandis que les autres sont en proie à des visions issues de leur passé. Lui-même se retrouvant confronté à son épouse décédée, il comprend que c'est Solaris qui génère l'apparition de ces souvenirs...
Des lendemains qui déchantent
Sorti en pleine guerre froide, Solaris a souvent été interprété comme un équivalent soviétique du chef-d'oeuvre de Stanley Kubrick, 2001, l'odyssée de l'espace. Les correspondances entre les deux films sont nombreuses mais Solaris constitue plutôt une réponse de Tarkovski à son prédécesseur : en effet, on est ici loin de la foi dans la technologie et dans l'évolution présente dans 2001. Tarkovski, en ajoutant des séquences "terriennes" qui n'existaient pas dans le roman d'origine, a essayé de s'éloigner le plus possible du modèle de la science-fiction pour ramener au centre du film les préoccupations qui sont les siennes. Le séjour de Kelvin s'apparente à un voyage intérieur, à une longue et profonde introspection, et le film parle davantage de l'esprit humain que des nouveaux espaces conquis grâce aux techniques scientifiques. Solaris peut-être vu comme une métaphore du cerveau de l'homme, perçu comme une prison. Le récit, construit en boucle, suggère un propos peu optimiste, puisque sur Solaris comme sur Terre, l'homme ne peut se débarrasser de ses démons ni accéder à une connaissance supérieure. Tarkovski n'ayant pu aller aussi loin qu'il le souhaitait, le film paraît parfois un peu bavard et souffre de quelques imperfections. Mais il est traversé de séquences d'une virtuosité et d'une beauté stupéfiantes, notamment celles qui se déroulent sur Terre, où la nature suggère tout autant le mystère du monde que l'océan de Solaris.